Fiche bio : comportements étranges

Le saviez-vous ?…

 Vous êtes forcément un plongeur responsable, autrement dit au comportement sous-marin irréprochable. Mais nos amis les poissons sont-ils capables de le comprendre ?… Et si nous commencions d’abord par faire attention à LEURS comportements ?

La prochaine fois que vous croiserez un Triptérygion jaune (Tripterygion delaisi), c’est-à-dire à votre prochaine plongée (si, si !…), arrêtez-vous, et prenez le temps de vous approcher doucement. Vous verrez que ce petit poisson de rien du tout (8 cm tout mouillé…) vous tiendra tête, planté sur son rocher par ses deux nageoires pectorales et tous ses ergots dehors. Ce comportement de défense du territoire peut sembler surprenant. Vous feriez face à un éléphant, vous ?…

Et pourtant… cela peut marcher ! Un autre petit « chevalier* » très commun, la Blennie rayée (Blennius gattorugine), présente le même comportement ; il peut même vous sauter au masque… et vous faire reculer par réflexe ! Certes, une blennie (c’est celle qui a une nageoire dorsale continue…), ce n’est pas gros (10-15 cm), mais vue les yeux dans les yeux, avec une loupe…

 Un autre type de comportement est souvent observable, et passe pourtant inaperçu. Vous verrez parfois des poissons immobiles , en général à proximité du fond ou d’une roche, dans une position « bizarre », quasi extatique… Le crénilabre paon (Symphodus tincta), par exemple, se tient la tête vers le haut ou même couché sur le côté, bouche et ouies ouvertes. Le Serran écriture (Serranus scriba), facilement reconnaissable avec ses rayures verticales noires et son ventre bleu, se tient quant à lui plutôt la tête vers le bas, nageoire dorsale dressée, pectorales écartées. La mendole (Spicara maena), argentée avec une tache noire sur le flanc, et certains sars adoptent la même attitude. Dans ce cas, ouvrez les yeux et cherchez… le crénilabre à queue noire(Symphodus melanocercus) ! Toutes ces postures sont en fait des invitations au nettoyage, et ce petit poisson (pas plus de 10 cm) est LE nettoyeur de nos côtes** : il débarrasse obligeamment ses voisins de leurs parasites cutanés. Belle occasion donc de voir ce poisson discret (mais magnifique), que trop peu de plongeurs connaissent. Et si vous prenez le temps de vous immobiliser, il y a de bonnes chances pour que votre combinaison subisse… un nettoyage : votre volume ne rebutera pas le vaillant petit épouilleur !

La plongée est bien un sport de fainéant : moins on palme, plus on voit. Et finalement, prêter attention au comportement de ses voisins, n’est-ce pas le premier pas de la responsabilité ?