Ah, la Gabinière ! Ses mérous, ses girelles… Tout plongeur à « la Gab’ » les a observés, et serait incapable de les confondre tellement ils sont différents.
Du point de vue biologique, il y a une autre différence nette entre ces deux espèces : la girelle, contrairement au mérou, présente un dimorphisme sexuel marqué. Chez la girelle, Madame est automnale, en parure allongée de la bouche à la nageoire caudale : brune sur le dos, blanche avec une rayure jaune sur le ventre.
Monsieur quant à lui est plutôt sport : fond bleu-vert servant de support à une ligne « orange flashant » sur le flanc (façon bolide des années 60), soulignée en général par une tache noire derrière la nageoire pectorale (celle qui est derrière les ouies). Impossible, donc, de les confondre, alors que chez le mérou, on risque de commettre un impair à chaque rencontre…
Mais savez-vous par contre quel est le point commun entre le mérou et la girelle ?… Eh bien les individus de ces deux espèces sont des transsexuels en puissance. Comme de nombreuses autres espèces de poisson, ils commencent leur vie comme femelle, puis deviennent des mâles si, survivant aux attaques de tous leurs prédateurs, ils parviennent à atteindre une taille suffisante et sont suffisamment nombreux.
De quoi réfléchir aux conséquences de la chasse sous-marine : si l’un des sexes disparaît, la reproduction s’arrête… et c’est ce qui s’est passé sur les côtes françaises, où l’on ne trouve actuellement plus que des mérous femelles. La reproduction a lieu essentiellement au Maroc. Toutefois, le moratoire actuel sur la chasse du mérou semble permettre de relancer la « fabrication » de mâle sur nos côtes : il est donc essentiel de le maintenir…
Voilà une information qui, en tout cas, permet de compléter notre manuel de savoir vivre : si vous croisez un mérou de plus de 75 cm (la bête pèse en général environ 10 kg), appelez le donc plutôt Monsieur. Après vous avoir jaugé de ses deux yeux, il vous fera un beau sourire…
Yann