Le jeu, souvent associé à l’enfance, à la distraction, il trouve bien peu sa place dans les formations et pourtant le jeu peut s’avérer un précieux atout pour aider à se renouveler, à introduire de la variété dans des séances de formation.
Dans cet article nous allons aborder le thème du jeu dans la pédagogie : ses avantages, ses limites, comment l’introduire, comment le construire. En fin d’article, tout un ensemble de fiches de jeux sont mises à disposition pour vous aider, vous inspirer et qui sait, vous convaincre de vous lancer de vous même pour en proposer de nouvelles.
Qu’est-ce que le jeu ?
Le jeu est une activité libre, frivole (sans sérieux ni conséquence sur la réalité), improductive et incertaine (i.e. dont le dénouement n’est jamais prévu d’avance) mais surtout une activité dédiée au divertissement.
Il peut se pratiquer seul, ou en groupe, et dans ce dernier cas, le jeu sera généralement réglé.
Et le jeu pédagogique c’est quoi ?
A première vue lorsque l’on confronte la définition du jeu, avec celle d’une activité pédagogique ou plus largement de la pédagogie, ces deux mots ne vont pas ensemble. En effet, nous avons vu que le jeu était quelque chose de frivole, d’improductif et dédié au divertissement tandis que la pédagogie c’est un ensemble de méthodes utilisées pour éduquer. Mais finalement la question revient à ce dire, est-ce que le jeu peut-être une méthode d’enseignement. La réponse est oui, à condition d’introduire dans le jeu une notion de productivité et de certitudes sans perdre le côté divertissement.
On parle ainsi de jeu dirigé en opposition avec le jeu libre :
- Jeu libre : jeu dicté par la seul motivation du ou des joueurs
- Jeu dirigé: jeu orienté par un encadrant dans l’objectif de l’acquisition de savoirs spécifiques préalablement déterminés
Pourquoi vouloir utiliser le jeu dans l’enseignement ?
Le jeu, notamment chez un public jeune, est une source d’intérêt qui les sorts du carcan scolaire qui rythme leur quotidien. Pour un public adulte, le jeu présente une opportunité d’échapper au quotidien et de s’offrir un moment de distraction. Le jeu est donc en soit une source de motivation et de plaisir.
Au delà de cela, le jeu est également un moyen d’exercer des compétences dans des situations vivantes où l’encadre est impliqué en tant qu’acteur et donc peut plus facilement assimiler des notions.
Quels sont les avantages et les limites du jeu?
Le jeu possède de nombreux avantages. Déjà il permet de proposer une grande variété de situations et de modifier le rythme du cours. Il a l’avantage également de relancer l’intérêt du public pour ce qui lui est enseigné et permet de fournir un moment à chacun pour s’approprier l’action et ainsi il contribue à l’amélioration des compétences. Enfin en collectif, généralement, il permet d’obtenir l’attention de tous et par son côté participatif est un facteur de sociabilité.
Cependant, le jeu pédagogie ne peut représenter une leçon à part entière et doit toujours être accompagnés d’une transposition à la réalité avec d’une phase de clarification ou remédiation. Il permet bien mieux l’assimilation ou la mémorisation de notions déjà clarifiées que de nouvelles notions, il peut néanmoins être utilisé pour de la découverte (jeux d’éveil). Après, le jeu n’est pas forcément propice à l’auto-évaluation et les facteurs émotionnels et/ou les aspects compétitifs peuvent venir supplanter l’objectif attendu par le jeu. Ces mêmes aspects compétitifs peuvent avoir également un effet inverse sur la sociabilité du public par une marginalisation et un agrandissement de l’isolement des plus introvertis.
Le jeu est-il une solution miracle ?
La réponse est NON. Baser toute sa pédagogie sur le jeu c’est admettre implicitement que le travail est impuissant pour l’apprentissage. Le jeu est avant tout un précieux outil pédagogique d’approfondissement et d’appropriation.
Il y a un équilibre à trouver dans le ratio enseignement classique vs. jeux pédagogiques (équilibre différent selon le public et l’encadrant) de manière à pouvoir en tirer pleinement avantage.
Le jeu est-il adapté à tous les publics ou à tous les pédagogues ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, non le jeu n’est pas adapté à tous les publics ni tous les pédagogues, mais ce n’est pas grave. Comme on l’a vu précédemment le jeu est un outil pédagogique mais ce n’est pas le seul outil qui existe.
En tant qu’encadrant, avant d’introduire des jeux dans ses séances, il faut se poser deux questions :
- Quelle est la sensibilité de notre public pour le jeu?
- Quelle est notre sensibilité pour le jeu?
Ces deux questions sont aussi importantes l’une que l’autre. Premièrement si notre public n’est pas un public aimant jouer ou n’est pas réceptif de manière temporaire au jeu, alors le fait d’imposer un jeu constituera un échec tant côté encadrement que côté encadré. En effet, pour rappel, le jeu est initialement une activité libre, il faut donc que le public adhère pour que cela puisse porter ces fruits.
Par ailleurs les jeux ne sont pas tous de même niveau. Si l’on fait le parallèle avec les jeux de sociétés où il y a différentes catégories (jeux de rôles, de réflexion …) et niveaux (tout public, initiés, experts…), et où chaque joueur joue à des jeux en fonction de sa sensibilité, c’est la même chose ici. Si un public ou soit même n’a pas d’affinité avec un type de jeu, alors le mettre en oeuvre ne sera pas bénéfique. De même, si nous même n’éprouvons aucune attirance pour le jeu, alors il ne faut pas introduire de jeux dans ses séances.
Encore une fois, et il est important de le rappeler, le jeu n’est pas un solution miracle, et n’est pas adapté à tout public ou pédagogue et ce n’est pas grave. Le jeu reste un outil présentant beaucoup d’avantages, mais ce n’est pas le seul outil.
Comment construire un jeu pédagogique ?
La construction d’un jeu pédagogique commence toujours pas la même étape : déterminer si notre idée se rattache à une compétence à acquérir ou perfectionner. Si tel est le cas, il est indispensable de regarder à présent ce qui existe pour cette compétence.
Même au travers des jeux, il faut cultiver la diversité pour éviter la lassitude, la frustration et la baisse de productivité chez le public. Si l’idée initiale se rapproche grandement de jeux déjà existant, alors au lieu de proposer un nouveau jeu, proposer une variante à un jeu existant.
Si l’idée ne semble pas déjà avoir été traitée, alors la construction du jeu peut réellement commencer. Avant toute chose, il faut décomposer le l’idée du jeu de manière à pouvoir en ressortir les règles.
Il est important que les règles soient simples, compréhensibles par tous et bien entendu explicables rapidement. Il n’est pas possible d’envisager de faire un jeu avec 15 min d’explication de règles sur une séance. Toujours viser un objectif d’explications à donner de 3 min maximum pour qu’une fois confronté au public cela tienne en moins de 5 minutes. Des règles trop longues sont synonymes de froids, de désintéressement et de trop grande complexité du jeu.
Une fois les règles établies, il faut s’assurer de l’équilibre du ration « plaisir / apprentissage ». Si la balance penche trop du côté du plaisir alors vous allez perdre l’apport en apprentissage voulu, et à l’inverse si la balance penche trop du côté apprentissage, le jeu se retrouve dénaturé et est donc moins bénéfique.
Viens ensuite l’identification de tout matériel requis (avec le temps de mise en place et de rangement associé) et les risques liés à la sécurité dans la réalisation du jeu et dans l’effervescence qu’il peut produire. Par exemple, sur un jeu d’apnée, le passage des oreilles est pris en considération au début du jeu puis oublié au fur et à mesure, si bien que dans certains cas, on oublie de compenser et c’est la douleur qui le rappelle à nous.
Pour résumé, la construction d’un jeu nécessite du temps, une structuration et d’être testé avant d’être proposé au public.
Retrouver ici, la fiche modèle vierge pour vous aider à construire un jeu : fiche jeu vierge
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