Le saviez-vous ?…
Ah les beaux yeux !…
Globuleux derrière le masque à petit volume, exorbités par un placage débutant, les yeux des plongeurs sont rarement jolis… ce n’est pas par hasard que les photographes utilisent des masques de grand volume à vitre unique pour leurs modèles…
Et ceux d’en face ? ceux avec lesquels vous regardent les animaux qui vous entourent ?…
Pour les poissons, qui sont des vertébrés comme vous, pas de surprise. Leurs yeux sont faits comme les vôtres. Ce sont des yeux camérulaires : un iris (qui diaphragme), un cristallin (qui projette), une chambre (traversée) et une rétine (qui reçoit). Il suffit de croiser le regard d’une rascasse, d’un chapon, ou pour les plus chanceux d’un napoléon pour s’en persuader.
Encore que… Vous avez déjà vu une girelle loucher, vous ?
La plupart des poissons n’ont pas de vision binoculaire (les mammifères marins non plus, d’ailleurs…). Comme souvent chez les oiseaux, leurs champs visuels sont essentiellement latéraux. Tenez-en compte dans vos approches : si vous êtes en face, vous êtes (au sens propre) invisible…
Par contre, comme chez les oiseaux (rapaces), il existe des exceptions : le mérou, le napoléon en font partie… Peut-on les considérer comme « les rapaces des poissons » ? faut-il VRAIMENT, comme le font sans sourciller les zélateurs de l’adaptation à tout crin pour les rapaces, associer vision binoculaire et capacité de chasse ?….
D’autres animaux ont aussi des yeux perfectionnés : les céphalopodes. Ces mollusques possèdent aussi des yeux camérulaires. Seule différence : ils ont une organisation plus rationnelle que les vôtres ! Chez vous, la lumière doit passer à travers le câblage nerveux de la rétine pour être perçue : les cellules réceptrices sont les plus éloignées du cristallin. Chez les céphalopodes, la lumière rencontre d’abord les cellules réceptrices : le câblage est relégué à l’arrière… Qui est le plus évolué ?… Aucun. D’un point de vue biologique, cette question est dénuée de sens : ils sont simplement différents.
Mais les autres ?…
La plupart des invertébrés ont des cellules photosensibles, groupées éventuellement en organes photorécepteurs. Par exemple, les yeux de la méduse (qui sont censés transformer en pierre ceux qui les croisent lorsqu’il s’agit de la gorgone Méduse… encore un raccourci biologique saisissant !) sont de simples replis en forme de coupe, que l’on voit sous forme de petites taches colorées (brunes rouges ou noires) sur le bord de l’ombrelle. Mais qui s’approche assez près pour les voir ? Et qui se soucie, au moment de les déguster, des beaux yeux des coquilles Saint-Jacques (encore un mollusque) ? Il en existe une centaine, pourtant, disposés le long du manteau… Ils ont même un cristallin ! De même, chez de nombreux annélides (vers annelés), on trouve 2, voire 4 ou 6 « yeux » tout aussi bien organisés.
Mais pourquoi raconter cela ???
Oh simplement un détail : à moins d’être une fashion victime génétiquement prédestinée au festival de Cannes, vous n’aimez pas recevoir 15 flashes violents dans les yeux, vrai ?
Eh bien, eux non plus.
Pensez-y, la prochaine fois que vous emporterez votre appareil photo en plongée…