Par Yves L.
Le jeudi à 15 :00 je retrouve 2 élèves prépa N1, au départ du Stade de Vanves pour notre weekend première bulle à Port Crouesty. Tout le monde s’installe confortablement, et la discussion s’engage. « Est-ce que l’eau va être froide ? Est-ce que je ne vais pas voir tout oublié ? Est-ce qu’une combinaison c’est difficile à mettre ? Combien je dois mettre de poids ? ». Je suis bombardé de questions ! Probablement un peu de stress !
Et si ces deux futures premières bulles savaient que pour moi aussi c’était la 1ère fois que j’emmenais des élèves sous l’eau ? Moi aussi en quelque sorte je suis première bulle ! Bien sûr, depuis mon N4, j’ai encadré en piscine, mais jamais encore en mer. Alors j’ai le trac !
Au brief du soir, Romain me donne ma première palanquée. J’engage la conversation, et tente de faire leur connaissance en tachant de ne pas être trop intrusif dans mon questionnaire. Je m’enquiers de tous les détails, depuis l’état de leurs oreilles, jusqu’à leur connaissance du matériel. J’insiste sur la notion de plaisir, l’absence de challenge, la nécessité avant tout de bien s’amuser. Je vois bien que eux aussi ne sont pas complètement à l’aise. Je sens bien qu’ils ont un peu l’impression de passer un examen. Et moi alors ? Vous croyez que j’ai pas l’impression de représenter mon N4 un an après ?
Le lendemain sur le bateau, l’équipement se passe sans difficulté, mais une agitation empreint d‘un peu de fébrilité. On se contorsionne, on gréé, on s’attache, on enfile les palmes et hop, je me jette à l’eau suivi de près par mes deux plongeurs débutants. L’ajustement du lestage s’impose immédiatement, et il faut se séparer des plombs péda ! Nous parvenons à descendre, et même en restant groupés. Arrivés au fond, nous partons en exploration. Heureusement la faune locale agrémente leurs visites, et je vois dans les regards qui s’allument, une joie grandissante. Tant mieux, car je suis tellement pris par leur sécurité, que mes deux mains ne suffisent pas pour tout ce que je veux faire. Et je suis incapable de profiter de la plongée ou de leur montrer quoi que ce soit de beau. L’un reste prêt de moi, l’autre part se promener tout guilleret, en oubliant toutes les distances de sécurité. Je me transforme en elastic girl et tend mes bras pour garder ma palanquée à portée de bras.
Quelques exercices, lâcher reprise d’embout et un vidage de masque se déroulent sans encombre et achèvent le programme de cette plongée.
A la remontée, et pour éviter de se disperser, je leur demande de me tenir par le harnais, le temps que je lâche mon parachute. Heureusement, l’un flotte, l’autre coule, et je dois ajuster avec la main qui me reste les gonflages de leurs gilets pour maintenir un ensemble cohérent.
Devant les difficultés, je suis tenté d’abandonner le pallier de sécurité. Je m’accroche et deux minutes plus tard, nos faisons surface, à même pas 15 mètres de notre embarcation. Pari tenu pour l’orientation, et ce n’était pas gagné d’avance quand 99% de ma concentration était préempté par leur sécurité….
Mon stress ne durera pas longtemps. A peine de retour sur la bateau, mes deux plongeurs ne tarissent pas de joie à l’idée d’avoir « victorieusement » réussi leur première descente, et c’est pour moi le meilleur élixir antistress.
Je leur ai avoué deux jours plus tard qu’ils avaient été mes deux premiers plongeurs. Ils m’ont répondu ne pas s’en être rendu compte. Il ne pouvait pas me faire un plus beau compliment !